Entretien avec Franck Drapin
GNIAC : Franck, quel a été votre parcours professionnel avant de créer Open Espace ?
Franck D. : J’ai une formation initiale dans l’informatique, une passion depuis tout jeune mais j’ai surtout un attachement fort pour l’entrepreneuriat que j’ai initié à l’âge de 25 ans en créant ma première structure dans le conseil marketing pour les artisans. J’ai fait de belles rencontres qui ont changé ma vie, tout en subissant des échecs qu'aujourd’hui je positive !
En parallèle de mon activité de consultant informatique, j’ai toujours voulu mettre en œuvre ma fibre sociale et m’investir dans le social pour aider les autres. A travers la formation professionnelle, j’ai pu transmettre mes connaissances mais aussi mes valeurs.
C’est en janvier 2014 que j’ai décidé d’ouvrir sur Montreuil un «Open Espace » pour y proposer des formations numériques. L’espace donnant sur la rue, j’ai pu rapidement échanger avec la population ; posséder une boutique, c’est en fait avoir la chance de bénéficier d’un laboratoire de proximité que je n’avais pas soupçonné à l’origine du projet !
GNIAC : Depuis lors votre projet a bien évolué, pouvez-vous nous présenter l'Open Espace d'aujourd'hui ?
Franck D. : Suite à de nombreuses rencontres et allant de découvertes en découvertes, je me suis lancé en juillet 2014 dans l’accompagnement d’entrepreneurs en créant l’association « Open Espace Montreuil ». L’Open Espace a alors pris une autre dimension avec l’aide d’une équipe opérationnelle et bénévole (Mireille, Anne, Céline, …).
Les gens y viennent de tous horizons et avec tous les statuts (demandeurs d’emploi, salariés, étudiants, dirigeants, entrepreneurs, …), c’est l’objet principal de ce tiers-lieu : un espace professionnel pour tous. Avec le temps, l’Open Espace est devenu un centre de ressources en matière d’emploi et de création d’activité mais aussi un lieu de rencontres pour avancer ensemble.
En octobre 2014, vu nos petits moyens et l’immensité des besoins, je décide d’intégrer le numérique dans l’espace afin d’en faire la 1ère boutique connectée pour l’emploi local. Pour cela, nous créons avec Pascal, un ami expert dans le digital, la société OE-Digital qui va développer les outils numériques au service de l’emploi et de la formation. Un coup de chapeau à Nicolas, notre « codeur » qui a largement contribué à la qualité de nos produits.
OE-Connect, notre 1ère application, est destinée à numériser tous les profils du territoire, personnes en transition professionnelle mais aussi en activité, pour créer une base ressources des compétences locales, cette appli est compatible avec les outils du service public (Open Data de Pôle Emploi, LHEO pour la formation, …) pour plus de convergence, nous l’espérons, vers des projets publics/privés. C’est aussi un outil d’inclusion numérique qui nous permet de proposer un atelier gratuit « le numérique au service des compétences ».
En septembre 2015, Guillaume rejoint le projet et pilote notre Institut de Recherche et d’Innovation pour le Développement et l’Intégration des Commerces de l’Emploi (IRIDICE). Cette structure nous permet d’être reconnu par les Institutionnels et de bénéficier d’une relation privilégiée grâce notamment à « La Lettre de l’Institut » qui a vocation à systématiser et à diffuser les projets novateurs en matière d’économie sociale et solidaire, circulaire, génératrice d’emploi.
Mon but pour 2016 est de créer une communauté et de permettre aux demandeurs d’emploi de valoriser leurs compétences via une monnaie virtuelle, éthique et vertueuse : l’Open Money. En 2016, on va aussi créer des événements autour de l’emploi, avec des partenaires, au niveau ville-quartier, avec l’idée d’essaimer sur d’autres territoires cet écosystème « business to social » (Open Espace, OE-Digital et l’Institut IRIDICE), chaque structure alimentant l’autre pour ne pas dépendre uniquement des subventions publiques.
GNIAC : Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre activité ?
Franck D. : Se donner la possibilité de changer le monde et de construire un avenir meilleur pour nos jeunes. Et redonner du pouvoir à ceux qui en sont privé.
GNIAC : Quelles sont vos principales difficultés ?
Franck D. : L’isolement car on ne se sent pas soutenu pendant la phase d’amorçage, on nous encourage, on nous observe mais concrètement, c’est insuffisant ! De plus, les acteurs du service public ne répondent pas aux sollicitations, ce qui m’apparaît encore plus grave…
Je trouve également que l’argument financier est trop régulièrement exposé alors qu’il y a mille façons d’encourager les porteurs de projet, ne serait-ce que par une plus grande considération, de la mise en réseau ou de la visibilité.
GNIAC : Pouvez-vous nous raconter votre histoire avec GNIAC ?
Franck D. : Je suis entré à GNIAC car j’ai été séduit par cette idée de décloisonnement, de fédération des initiatives disparates. GNIAC a ce rôle de fédérateur, d’ordonnancement, de connexion entre les structures d’offres publiques et privées en y apportant sa légitimité. C'est aussi Thierry du Bouëtiez m’a séduit par sa réactivité et son pragmatisme.
GNIAC : Qu'attendez-vous du réseau ?
Franck D. : J’en attends des rencontres, des échanges et de pouvoir travailler avec des structures complémentaires à la mienne pour maximiser notre impact social.
GNIAC : Que pouvez-vous apportez aux membres du réseau ?
Franck D. : Outre le prêt de nos locaux pour des événements sur l’emploi, la formation ou le travail, nous pouvons apporter notre expertise dans le numérique (ex : logiciel métier & de suivi pour les structures d’accompagnement en orientation professionnelle).
GNIAC : Avant que nous nous quittions, avez-vous des idées, conseils, enseignements, motivations à partager ?
Franck D. : Le principal frein à l’innovation sociétale est d’ordre idéologique : on a du mal à libérer les énergies et à encourager le volontarisme de chacun. En France, on a pourtant énormément d’aides pour entreprendre mais la peur est mauvaise conseillère.
Dernière chose, un grand merci à mon équipe car c’est bien le collectif qui donne vie aux projets…